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L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est une épreuve qui peut être vécue de manière très différente selon les femmes. Qu’elle soit choisie ou subie, elle n’en reste pas moins une expérience qui impacte à la fois le corps, le système hormonal et le psychisme.
Pourtant, peu de femmes reçoivent un véritable accompagnement avant et après cette étape, alors qu’il est essentiel de soutenir l’organisme dans son processus de récupération. C’est là que la naturopathie peut jouer un rôle clé, en apportant des solutions naturelles et holistiques pour rééquilibrer le corps et accompagner les émotions.
Mon histoire avec l'avortement
L’IVG est un sujet souvent tabou, entouré de silence et de jugements. Pourtant, derrière chaque avortement, il y a une histoire, des émotions, et un corps qui traverse une épreuve. La mienne ne fait pas exception.
Février 2023. Dès mon premier jour de retard, je savais. Mon corps me l’avait déjà soufflé, mais je refusais d’y croire. Ce soir-là, j’ai fait un test de grossesse. Ces fameux tests que j’avais toujours “au cas où”, que j’utilisais parfois sans jamais penser qu’un jour il afficherait réellement un résultat positif. J’avais besoin d’être rassurée, que tout ça ne soit qu’une illusion.
Mais en moins de deux secondes, les deux barres sont apparues. Et tout s’est effondré autour de moi. J’ai ressenti une déferlante d’émotions contradictoires en l’espace de quelques secondes.
- D’abord, une joie primitive, celle de constater que mon corps fonctionnait, qu’il était capable de porter la vie.
- Puis l’horreur, parce que ce n’était pas le moment, pas la bonne situation. Je venais de sortir d’une relation de 10 ans, j’étais avec mon nouveau compagnon depuis seulement quelques mois. Je venais à peine de me relever d’un burn-out.
- Ensuite la colère : contre moi, contre lui, contre le monde entier.
- Et puis… plus rien.
Je suis entrée dans un état de dissociation totale, une forme de black-out mental. Mon cerveau a coupé tout ce que je ressentais, comme s’il m’empêchait d’accéder à la réalité du moment.
💡 Ce phénomène, appelé dissociation, est une réponse de protection du système nerveux face à un choc émotionnel intense. Quand un événement est trop dur à encaisser, notre cerveau active un mécanisme de survie : il déconnecte temporairement certaines fonctions émotionnelles pour éviter d’être submergé. C’est une réaction inconsciente qui permet de gagner du temps avant d’affronter la situation.
J’étais là, mais je ne ressentais plus rien. Juste une absence totale.
Comme beaucoup de femmes dans cette situation, j’ai fait ce que l’on fait toutes : Je suis allée sur Internet. Je voulais comprendre, savoir quoi faire, comment ça allait se passer, si j’allais avoir des séquelles… et trouver des témoignages qui me ressemblaient.
Heureusement, j’avais autour de moi des femmes qui avaient vécu une IVG. Les appeler a été salvateur. La sororité, à ce moment-là, a pris tout son sens. J’avais besoin de parler à d’autres femmes. Mon compagnon était présent et soutenant, mais il ne pouvait pas comprendre ce que traversait mon corps.
Nous avons pris rendez-vous chez une sage-femme. J’ai opté pour une IVG médicamenteuse, car je voulais être chez moi, dans mon cocon. J’ai tout préparé en amont :
- Des images inspirantes pour me rappeler mon lien au féminin sacré.
- Des rituels avec des cartes oracles pour m’aider à traverser cette épreuve.
- Un espace sécurisé, parce que je savais que mon corps allait traverser quelque chose de profond.
Le vendredi, je me suis rendue chez la sage-femme. L’échographie obligatoire de datation, l’explication du processus, puis la prescription des médicaments. J’ai pris le premier cachet, le mifépristone, sur place. En sortant du cabinet, j’ai pleuré. J'ai pleuré de tristesse, parce que même si c’était mon choix, c’était une épreuve. J'ai pleuré de soulagement, parce que tout était enclenché et que je n’avais plus à y réfléchir. J'ai pleuré de culpabilité, parce que malgré tout, il y avait ce poids émotionnel qui m’écrasait.
Le dimanche matin, j’ai pris le misoprostol, le second médicament destiné à provoquer l’expulsion. Certaines femmes vivent cette étape sans difficulté. Moi, ça ne s’est pas bien passé. Quelques semaines plus tard, lors de la visite de contrôle, la sage-femme m’a rassurée : ce que j’avais vécu était rare, mais pas anormal. Mais ce que je ne savais pas encore, c’est que les répercussions sur mon corps allaient durer des mois.
IVG et impact physiologique : ce qui se passe dans le corps
Déjà je n'avais pas forcément conscience que tout mon corps avait été touché avant l'IVG. Mais surtout je pensais qu’une fois l’IVG passée, tout reviendrait à la normale. Mon cycle a été perturbé pendant des mois. Mes émotions étaient en dents de scie. Mon énergie était en chute libre. Je pense que cet avortement a contribué à mon second burn-out quelques mois plus tard.
L’IVG, qu’elle soit médicamenteuse ou chirurgicale, représente une transition brutale pour le corps. Ce dernier doit s’adapter à une interruption soudaine de grossesse, avec des répercussions à la fois hormonales, nerveuses et physiologiques. De l’anticipation de l’acte jusqu’à la récupération post-IVG, l’organisme traverse plusieurs étapes qui peuvent influencer l’équilibre général, l’énergie, les émotions et la santé menstruelle.
Avant l’IVG : une réponse de stress intense
Dès l’instant où la décision est prise, l’organisme entre dans une phase d’hypervigilance et de stress, activant le système nerveux sympathique. Ce mécanisme, propre aux situations perçues comme une menace, entraîne une augmentation du rythme cardiaque, des tensions musculaires et parfois des troubles digestifs tels que des nausées ou des ballonnements. L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS) s’emballe, libérant une quantité importante de cortisol et d’adrénaline, les hormones du stress. Cette hyperactivation peut entraîner une fatigue nerveuse, des difficultés à dormir, une irritabilité accrue et une altération temporaire de la digestion.
À ce stade, le corps commence aussi à modifier son équilibre hormonal. La sécrétion de progestérone diminue, marquant l’arrêt progressif du cycle, tandis qu’un excès de cortisol peut perturber les taux d’œstrogènes et de prolactine. Certaines femmes ressentent à ce moment-là des tensions mammaires, une rétention d’eau ou un état de nervosité exacerbé. Ce bouleversement hormonal, associé à l’activation du stress, peut contribuer à des variations de l’humeur marquées, parfois accompagnées d’une sensation de vide ou d’un sentiment d’urgence incontrôlable.
L’IVG médicamenteuse : un processus naturel mais éprouvant
L’IVG médicamenteuse repose sur la prise de deux médicaments successifs. La mifépristone (premier comprimé) bloque l’action de la progestérone, provoquant la décroissance de l’endomètre et arrêtant la progression de la grossesse. Ce retrait hormonal soudain est comparable à une chute hormonale brutale post-partum, expliquant pourquoi certaines femmes ressentent une fatigue extrême et un effet de "baby blues" après l’intervention.
Le second médicament, le misoprostol, déclenche des contractions utérines pour expulser l’endomètre. Ce processus, qui imite une fausse couche spontanée, s’accompagne de douleurs abdominales intenses et de saignements abondants pouvant durer plusieurs jours à deux semaines. À ce stade, les prostaglandines (substances inflammatoires naturelles) sont libérées en grande quantité, provoquant des crampes utérines, des troubles digestifs (diarrhées, nausées), ainsi qu’un état inflammatoire temporaire. La perte de sang peut induire une baisse du fer et des réserves énergétiques, aggravant la sensation de fatigue et de vulnérabilité.
💡Effet sur le cortisol : pourquoi ?
La mifépristone a un effet antagoniste sur les récepteurs aux glucocorticoïdes, entraînant une désinhibition de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS) et une augmentation compensatoire de la sécrétion de cortisol (Mahajan and London, 1997). Cette perturbation hormonale pourrait contribuer aux troubles de l’humeur, à la fatigue post-IVG et à un état inflammatoire transitoire, nécessitant un soutien spécifique pour favoriser la récupération.
Sur le plan nerveux, la chute soudaine des hormones de grossesse (hCG, progestérone, œstrogènes) peut accentuer les variations émotionnelles, avec une sensibilité exacerbée et une fatigue psychique qui peut durer plusieurs semaines. Pour certaines femmes, cette transition hormonale brutale s’accompagne d’un sentiment de soulagement immédiat, tandis que d’autres peuvent ressentir un vide émotionnel difficile à exprimer, comparable à un épisode dépressif temporaire.
L’IVG chirurgicale : une récupération plus rapide mais un impact physiologique réel
L’IVG chirurgicale, réalisée sous anesthésie locale ou générale, consiste en l’aspiration du contenu utérin à l’aide d’une canule. Bien que l’intervention soit rapide (moins de 10 minutes), elle laisse des traces physiologiques. L’utérus doit se régénérer après l’aspiration, ce qui peut entraîner des crampes légères à modérées et des saignements durant une semaine environ.
Comme pour l’IVG médicamenteuse, la chute hormonale qui suit l’intervention peut provoquer une baisse d’énergie, des variations d’humeur et une perturbation du cycle menstruel. La différence principale réside dans le fait que l’expulsion est immédiate, ce qui réduit l’onde inflammatoire prolongée et limite l’intensité des crampes et des saignements. Cependant, certaines femmes ressentent une sensibilité pelvienne, une fatigue post-anesthésie et un besoin accru de récupération.
En cas d’antibiothérapie préventive prescrite après l’intervention, il est également possible d’observer des perturbations du microbiote vaginal et intestinal, pouvant se traduire par des inconforts digestifs ou des mycoses vaginales.
💡 Et la recherche scientifique dans tout ça ?
Des recherches récentes s’intéressent à l’amélioration des techniques d’IVG afin de les rendre plus sûres, moins invasives et mieux tolérées par les patientes. Une étude multicentrique menée par Zhou et al. (Taiwan Journal of Obstetrics and Gynecology, 2024) a évalué l’efficacité d’un système de visualisation directe de l’utérus pour les avortements chirurgicaux. Cette technologie a montré des résultats prometteurs, avec moins de complications, une réduction des douleurs post-opératoires et un retour menstruel plus rapide.
À ma connaissance, cette technique n’a pas encore été testée en France, mais elle pourrait représenter une avancée importante dans la prise en charge des IVG chirurgicales. Il sera donc intéressant de suivre son évolution et sa potentielle adoption dans les années à venir.
Des recherches récentes explorent aussi l'utilisation de gels d'œstradiol pour favoriser la régénération de l'endomètre après une IVG. Une étude multicentrique (Li et al., 2024) a montré des résultats prometteurs en améliorant l'épaisseur endométriale et en accélérant le retour des menstruations. Bien que cette approche ne soit pas encore standardisée en France, elle pourrait à l'avenir compléter les protocoles de récupération post-IVG.
À moyen terme : rééquilibrer le corps après une IVG
Le retour du cycle menstruel s’effectue généralement entre 4 et 6 semaines après l’IVG, mais l’ovulation peut reprendre dès deux semaines après l’intervention, rendant une nouvelle grossesse possible rapidement en l’absence de contraception.
Sur le plan physique, la récupération dépend de plusieurs facteurs : qualité du sommeil, alimentation, niveau de stress et état des réserves en fer et en micronutriments. Il n’est pas rare d’observer un retour des règles plus abondantes ou irrégulières, ainsi qu’un déséquilibre temporaire de la sensibilité mammaire ou de la rétention d’eau.
Psychologiquement, la majorité des femmes ressentent un apaisement progressif, mais certaines peuvent expérimenter une baisse d’énergie persistante, une hypersensibilité émotionnelle ou un trouble du sommeil post-événement. Le corps a besoin de temps pour réguler à nouveau son axe hormonal et nerveux, et une prise en charge adaptée permet d’optimiser cette récupération.
💡 Il peut parfois être fait mention d'un syndrome post-avortement (ou Post abortion syndrome (PAS) en anglais), pouvant se rapprocher du syndrome de stress post traumatique, mais reste une notion controversée.
Certaines sources suggèrent que, bien que l'IVG soit souvent vécue comme un soulagement, elle peut entraîner chez certaines femmes des symptômes tels que tristesse, sentiment de vide, culpabilité, isolement, irritabilité, troubles du sommeil ou de l'appétit. Ces manifestations varient d'une personne à l'autre et peuvent survenir immédiatement après l'intervention ou bien plus tard, parfois déclenchées par des événements marquants comme un deuil ou une nouvelle grossesse.
Cependant, de nombreuses études scientifiques n'ont pas validé l'existence d'un syndrome spécifique lié à l'avortement. Le vécu de l'IVG est personnel et dépend de nombreux facteurs, notamment le contexte de sa réalisation et l'accompagnement reçu.
Un accompagnement Naturopathique pour une récupération optimale
L’IVG est un acte médical souvent réduit à sa procédure technique, alors qu’il représente une expérience globale impliquant l’ensemble du corps. En comprenant les répercussions physiologiques et hormonales, il devient possible d’adopter une approche de récupération adaptée qui favorise un retour à l’équilibre plus serein et plus rapide.
Une revue internationale récente (Heggie et al., 2024) a mis en évidence le rôle essentiel des doulas et travailleurs communautaires de la naissance dans l'amélioration de l'accès et de la qualité des soins liés à l'avortement et à la contraception. Leur accompagnement permettrait de réduire le stress, d’améliorer l’expérience des patientes et de favoriser un meilleur vécu de l’IVG. Il est donc légitime de suggérer que la naturopathie pourrait jouer un rôle complémentaire, en offrant un soutien global et personnalisé pour accompagner les femmes à travers ce processus, tant sur le plan physiologique qu’émotionnel.
Grâce à une approche naturelle combinant alimentation adaptée, techniques de relaxation et soutien phytothérapeutique, il est possible d’accompagner cette transition tout en douceur et de favoriser une récupération optimale. La naturopathie a toute sa place pour rééquilibrer les hormones, apaiser l’inflammation et soutenir le système nerveux
Dans mon accompagnement IVG, j’offre un suivi complet pour permettre aux femmes de retrouver leur équilibre plus rapidement et en douceur.
✔ Une première séance pour établir un bilan et des recommandations personnalisées
✔ Un soutien émotionnel avec des outils naturels adaptés
✔ Un programme de rééquilibrage hormonal et de régénération utérine
✔ Un suivi par email et WhatsApp pour répondre aux questions à chaque étape
💡 Cet accompagnement est accessible à toutes, avec un tarif solidaire de 70 € pour les trois séances. Pour en savoir plus sur cet accompagnement clique ici.
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Sources supplémentaires :
Numéro vert national « IVG, contraception, sexualités » par téléphone, 0 800 08 11 11, ou par tchat.
https://ivg-contraception-sexualites.org/
Sources bibliographiques :
Bianchi-Demicheli, F., Conséquences psychiatriques et psychologiques de l’interruption de grossesse, Rev Med Suisse, 2007/098 (Vol.3), p. 401–407. DOI: 10.53738/REVMED.2007.3.98.0401 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2007/revue-medicale-suisse-98/consequences-psychiatriques-et-psychologiques-de-l-interruption-de-grossesse
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